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Les danseuses les plus célèbres de tous les temps

Des danseuses devenues icônes... Les Années Folles incarnées par Joséphine Baker, les danses mystiques d'Isadora Duncan, la révolution Pina Bausch, la grâce d'Aurélie Dupont, la beauté d'Alicia Alonso... Véritables étoiles au firmament de la danse, retour sur ces 10 femmes qui ont imprimé leur tempo sur scène et sur le monde de la danse.


Alicia Alonso 1920 - 2019

Originaire de La Havane, Alicia Martinez intègre la Sociedad Pro-Arte Musical à 11 ans. Adolescente, elle se marie avec son partenaire Fernando Alonso dont elle prend aussi le nom sur scène. Décidée à travailler à New York, elle y entame sa carrière professionnelle en 1938 en jouant d'abord dans des comédies musicales. Le sort frappe à 19 ans. Alicia Alonso perd en partie la vue. Loin de se décourager, la danseuse fait de cette faiblesse une force nouvelle. Pas le droit à l'improvisation : ses partenaires doivent se trouver exactement à la place prévue. Les lumières de la scène l'aideront à se guider. Cette même année 1939, l'American Ballet Caravan - qui deviendra le New York City Ballet - lui ouvre ses portes. Dès lors, Alicia Alonso excelle dans les rôles classiques : Giselle, Aurore, Odette... Les capitales mondiales s'arrachent cette ballerine devenue étoile. Son naturel, son style et son visage effilé lui ont valu le surnom de "Cobra Noir". Enfant de Cuba, Alicia Alonso souhaite développer la danse dans son propre pays. En 1948, elle fonde le Ballet Alicia Alonso à La Havane. Alors que la Révolution cubaine triomphe, Fidel Castro se tourne vers cette étoile. Son école devenant une vitrine de la culture cubaine, il en fait le Ballet National de Cuba. Passionnée par son art, la danseuse ne prend pas garde à cet instrument devenu politique qu'elle dirige. Jusqu'au décès de Fidel Castro, elle restera fidèle au Commandante, menant ses danseurs jusque dans les provinces reculées du pays. Par son action, Alicia Alonso fait connaitre le ballet à Cuba et la danse cubaine au monde entier. Sa dernière prestation, elle l'a donnée à 70 ans. Âgée de 96 ans, Alicia Alonso, devenue totalement aveugle, nous a quitté mais elle a continué de danser dans sa tête jusqu'à la fin. Durant les répétitions, les pas des danseurs se dessinaient dans son esprit. Avec son école, Alicia Alonso a su créer une culture du ballet à part, le style cubain, reconnaissable entre tous grâce à ses mélanges de cultures et de couleurs. Petite fille de La Havane, Alicia Alonso est devenue l'étoile de Cuba.

Loïe Fuller 1862 - 1928

Comme le relate "La Danseuse", film de Stephanie Di Giusto avec Lily-Rose Depp et Soko, Loïe Fuller aura été souvent éclipsée par sa rivale Isadora Duncan. Pourtant, l'Américaine a su marquer de son aura mystique l'histoire de la danse. Seulement âgée de 6 semaines, Mary Louise Fuller gigote dans les coulisses d'un spectacle dans l'Illinois, aux côtés de son père musicien et de sa mère. Élevée sur les planches, la jeune fille se passionne d'abord pour la comédie. Pourtant la passion de la danse la rattrape vite. En 1889, elle quitte sa troupe de New York pour émigrer à Londres puis à Paris. En 1892, elle dévoile sa mythique Danse Serpentine. Inspirée par le rêve et l'hypnose, Loïe Fuller vêtue de légers tissus transparents utilise des gestes amples, comme possédée. Avant-gardiste, elle invente tout un système de lumières colorées qui ajoutent à cette atmosphère de mystère. Ses chorégraphies exaltent le lien entre l'homme et la nature, son corps devenant à la fois esprit, papillon, orchidée et femme mouvante. Les foules se pressent pour admirer ce spectacle onirique au cabaret des Folies-Bergères qu'elle occupera pendant 10 ans. Devenue une référence dans le monde du spectacle et dans la société parisienne, Loïe Fuller devient une des célébrités les mieux payées de l'époque. Danseuse, chorégraphe, comédienne, décoratrice de théâtre, costumière, éclairagiste... La jeune femme originaire de l'Illinois crée son propre style et devient la muse des Symbolistes et de l'Art Nouveau. Lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1900, celle qui pourrait incarner la "fée électricité" de la ville Lumière fonde sa propre troupe. Entre théâtre et musée, elle y présente la troupe japonaise Sada Yacco. Sa première compagnie de jeunes danseurs créée en 1901 accueillera celle qui deviendra sa rivale, Isadora Duncan. Par ses danses majestueuses et ses inventions novatrices pour l'époque, Loïe Fuller fut plagiée et pillée durant toute sa vie. Une telle course au progrès qui l'a força à déposer plusieurs brevets et à développer son propre laboratoire. Cette rage de vivre l'a poussera à toujours se dépasser. La force de cette légende de la danse reste aussi fascinante, presque 90 ans après sa disparition. Isadora Duncan 1877 - 1927

Même 90 ans après sa disparition, Isadora Duncan reste une référence en matière de danse. Qui n'a pas en tête les photographies d'elle parée de robes drapées, dans un mouvement hypnotique ? Née à San Francisco d'un père banquier et d'une mère professeur de musique, Isadora Duncan délaisse l'école très jeune à cause de son caractère indépendant. Dès 1895, elle s'envole pour New York pour entrer dans une école de théâtre. Cet art la déçoit pourtant rapidement. La jeune femme passionnée de danse décide de tenter sa chance en Europe. Après un passage à Londres, Isadora Duncan s'installe à Paris et fréquente la troupe fondée par Loïe Fuller puis connait très vite le succès. En 1909, elle installe son école de danse au 5 rue Danton et développe son style unique. Inspirée par son frère artiste-philosophe Raymond Duncan, elle met en scène ses théories sur le mouvement, la fluidité dans des tenues helléniques. Avec des figures grecques antiques comme modèles, Isadora Duncan pose les bases de la danse moderne : la spiritualité, la spontanéité et le naturel dictent sa liberté d'expression. Ses longs cheveux bruns, son visage aquilin et ses tenues évanescentes donnent l'illusion d'une déesse grecque. Le culte du corps et de l'esprit est maitre dans l'art d'Isadora Duncan, en accord avec les idées de l'Akademia fondée à Paris par son frère. Cette ouverture spirituelle et cette large culture lui ouvrent la porte des cercles intellectuels de l'époque. Auguste Rodin ou encore Antoine Bourdelle feront partie de ses proches amis. La danseuse passe un temps à Moscou pour y fonder une nouvelle école et soutenir l'Union Soviétique avant de revenir à Paris. Le 14 septembre 1927, elle meurt tragiquement à 50 ans, son écharpe étant restée coincée dans la roue d'une voiture. Intact le mythe d'Isadora Duncan continue d'inspirer la danse moderne et contemporaine par la grâce et l'intelligence dont elle était dotée. Anna Pavlova 1881 - 1931

Rares sont les danseuses à être assimilées à un unique rôle. Pourtant, l'étoile russe Anna Pavlova reste dans la légende pour son interprétation de "la Mort du Cygne". Formée à l'École impériale de danse de Saint-Pétersbourg, elle intègre le Théâtre Mariinsky en 1899. Forte de grands rôles du répertoire classique, Anna Pavlova est nommée danseuse étoile en 1906 à 25 ans. C'est grâce au chorégraphe Michel Fokine que la danseuse obtient son rôle mythique. À sa demande, il crée en 1905 ce ballet solo dans "la Mort du Cygne", treizième mouvement du "Carnaval des Animaux" de Camille Saint-Saëns. Travaillant ensemble, Michel Fokine et Anna Pavlova s'inspirent du poème "The Dying Swan" et de l'allure des cygnes présents dans les parcs. Contrairement à la fin initiale de Saint-Staëns, le cygne, blessé, meurt sur scène. Sa première représentation en 1907 au théâtre Mariinsky obtient un vif succès. Forgeant un peu plus la légende d'Anna Pavlova. Dès 1908, l'étoile russe part en tournée internationale et crée sa propre compagnie. 4 000 villesdu monde entier s'arracheront ses représentations. Anna Pavlova sera ainsi la première ballerine à parcourir le monde. Portée par cet amour de la danse, rien ne lui est impossible. Souffrante d'une pleurésie en 1931, la légende veut que la ballerine ait fait demander son costume de cygne sur son lit de mort. Anna Pavlova, l'éternel cygne du ballet russe. L'influence de la danseuse étoile va plus loin... jusqu'aux fourneaux du monde entier. En 1926, la ballerine rencontre Keith Money, son biographe de l'époque, à l'hôtel Wellington en Nouvelle-Zélande. Enchanté, le chef de l'hôtel décide de lui rendre hommage en imaginant un dessert : le Pavlova. Crème aérienne et fruits légers déposés sur une blanche meringue. Le tout ressemble à un tutu immaculé perlé de détails colorés. Un clin d'œil gourmand qui forge un peu plus le mythe Anna Pavlova.

Joséphine Baker 1906 - 1975

Femme de ménage après l'école et mariée à 13 ans, Freda Josephine McDonald n'était pas prédestinée à devenir danseuse dans sa petite ville de Saint Louis dans le Missouri. Pourtant la jeune métissée afro-américaine et amérindienne prend son destin en mains en quittant son second mari et le vaudeville St Louis Chorus pour aller tenter sa chance à Broadway. Le tout à seulement 16 ans. Membre d'une troupe exclusivement noire, Joséphine Baker fait une rencontre qui change son destin : Caroline Dudley Reagan. Chargée de monter une troupe pour un music-hall composé d'artistes noirs, celle-ci propose à la danseuse alors âgée de 19 ans d'émigrer à Paris. Joséphine Baker intègre alors la Revue nègre au théâtre des Folies Bergères en tant que chorus girl. Rencontrant un vif succès, ce spectacle s'inspire à la fois du jazz américain, de l'esprit colonialiste des Années Folles et d'une forme d'art plus libre. Malgré son rôle de sauvageonne, Joséphine Baker a su insuffler un esprit décalé, proche du dadaïsme à ce spectacle. Sa danse quasi désarticulée, sa gestuelle envoutante et son déhanché unique ont fait d'elle une danseuse unique. Tandis que sa jupe ornée de 16 bananes et ses accumulations de bijoux ont contribué à sa légende et au style Joséphine Baker. Cette "danse sauvage" a fait d'elle la première femme noire célèbre dans le monde. Joséphine Baker, emblème des Années Folles, s'inscrit ensuite comme la figure du Charleston en Europe, une Europe friande de la culture noire et du style africain révélés par la montée du jazz. Toujours passionnée par la danse, Joséphine Baker devient meneuse de revue au Casino de Paris en 1930 et y connait son plus grand succès : "J'ai deux amours". Dans son spectacle, elle s'essaye même au tango Voluptuosa de José Padilla. En parallèle du music hall, la danseuse s'engage pour revendiquer des idées qui lui tiennent à cœur. Après avoir été un temps dans le contre-espionnage français durant la Seconde Guerre Mondiale, Joséphine Baker se bat pour la cause des Afro-Américains en prônant les idées de Martin Luther-King. Dans son domaine des Milandes en Dordogne, elle crée un havre de paix où elle adopte 12 enfants d'origines différentes et recueille de nombreux animaux. Décédée d'une attaque cérébrale à 68 ans, Joséphine Baker reste une légende de la danse qui a su mettre sa notoriété au service des autres. Maïa Plissetskaïa 1925 - 2015

Née en Russie d'un père ingénieur fusillé sous Staline et d'une mère actrice dans le cinéma muet envoyée pendant presque 50 ans en camp de travail, Maïa Plissetskaïa n'a pas eu une enfance facile. Pourtant, elle saisit sa bonne étoile en entrant au Bolchoï en 1943. À tout juste 18 ans, la jeune Moscovite se fait vite remarquer par ses professeurs. Elle ne fera jamais partie du corps du ballet, devenant soliste dès son premier rôle. Nommée étoile du Bolchoï en 1960, elle lui restera fidèle pendant plus de 50 ans. Deux ans plus tard, Maïa Plissetskaïa devient Prima Ballerina Assoluta à 36 ans. Cette distinction suprême n'aura été attribuée que deux fois dans l'histoire de la danse en Union Soviétique. Entrée dans la légende, Maïa Plissetskaïa se distingue par sa grâce, la fluidité de ses bras et la longueur de ses sauts. Un style unique. Maïa Plissetskaïa n'est pas seulement une danseuse hors-pair : elle mêle sa technique parfaite à un jeu dramatique sans faute. La douce Aurore de "la Belle au Bois Dormant", la scandaleuse Carmen, l'Odette du "Lac des Cygnes"... La ballerine russe excelle dans tous les rôles, aussi bien classiques que modernes. Surveillée par les autorités russes, elle n'hésitera pas à demander à Albert Alonso de créer pour elle "Carmen Suite" en 1967, un ballet moderne à l'arrière-plan politique. Beaucoup la surnomment la "Maria Callas de la danse" grâce à cette maitrise de l'art de la danse et d'un juste jeu dramatique. Au cinéma, elle incarnera la princesse Tverskaïa dans l'Anna Karénine d'Alexandre Zarkhi en 1967. Vivant pour la danse, Maïa Plissetskaïa quitte le Bolchoï à l'âge de 65 ans. Pourtant la passion reste brûlante. Pour fêter ses 70 ans, Maurice Béjart crée pour elle "Ave Maïa". Dans son plus bel âge, elle se meut entourée de moines Shaolin, du danseur de flamenco Joaquin Cortes et de chœurs de l'armée rouge. Maïa Plissetskaïa, l'étoile absolue, déclarera elle-même "J'ai vécu pour la danse. Je n'ai jamais rien su faire d'autre." Pina Bausch 1940 - 2009

En 2009, le monde de la danse pleure Pina Bausch, figure majeure de la danse contemporaine. Plus qu'une danseuse, elle a su s'approprier cet art et le style de la danse-théâtre. Une carrière éclatante pour celle qui a grandi dans un café de la Ruhr, région industrielle allemande. Formée à la Folkwang-Hochschule par Kurt Joos qui deviendra son mentor, elle se passionne pour la danse-théâtre. Une passion qui l'amène jusqu'à New York à la Julliard School en 1958 puis au New American Ballet. Forte de ce succès américain, Pina Bausch retrouve Joos en Allemagne dès 1962. Très vite, elle devient son bras droit puis donne des cours dans l'école qui l'a vu évoluer. En 1973, Pina Bausch est appelée par le directeur du centre Wuppertaler Bühnen pour diriger sa troupe. Un poste et une ville qu'elle n'a plus quittés. Le déclic artistique se fait en 1976. Au cours d'une soirée hommage à Bertold Brecht et Kurt Weill, Pina Bausch se détache de la danse moderne traditionnelle et y injecte le concept de danse-théâtre. De son nom allemand, le Tanztheater n'était que peu présent sur la scène internationale jusqu'à cette date. Pina Bausch use de tout son génie pour lier expressivité théâtrale et mouvements chorégraphiés des danseurs, le tout rythmé par une musique prédéfinie. Un mélange qui en fait une forme d'art à part entière. Bien que cette évolution ait suscité des critiques, cette nouvelle branche de la danse devient l'une des plus grandes formes du ballet allemand. Cette expressivité nouvelle de la danse plait aux réalisateurs de cinéma. En 1978, Pina Bausch sera invitée par Pedro Almodóvar a joué dans son film "Parle avec elle". Elle signe pour le générique une performance, Café Müller, qui s'inspire de sa propre enfance dans le bistro de ses parents. Pour sa compagnie de Wuppertal, Pina Bausch créait elle-même les pièces présentées. Palerme, Madrid, Lisbonne, Budapest... La chorégraphe s'inspirait d'une ville où elle avait séjourné pendant 3 semaines. Des pièces qui appellent au voyage tout en gardant une certaine dose d'humour et d'autodérision. Les rapports homme et femme entre les danseurs étant traités avec plus ou moins d'ironie. La scénographie imaginée par son collègue de longue date Andrey Berezin participe à cette esthétique du rêve. Un rêve à la Pina Bausch qui a pris fin le 30 juin 2009 dans la ville qui a vu grandir la danseuse : Wuppertal. Sylvie Guilhem Née en 1965

Passionnée par la gymnastique de haut niveau, la jeune Sylvie Guilhem se voit vite rattrapée par la passion de la danse. Alors que sa fille est présélectionnée dans l'équipe de France pour les Jeux Olympiques de Moscou, sa mère, professeur de gym, l'inscrit pour un stage à l'Opéra de Paris. Âgée de 11 ans, Sylvie Guilhem ne quittera pas l'enceinte sacrée à la fin de l'été. Repérée par la directrice Claude Bussy, elle intègre officiellement l'école de danse de l'Opéra à 12 ans. Dès 16 ans, la danseuse fait partie du corps de ballet. Sa fluidité de mouvements, sa technicité maîtrisée ou encore ses qualités dramatiques font d'elle une surdouée de la danse. C'est fin décembre 1984 que sa carrière prend un tournant d'exception. Nommée première danseuse le 24 décembre, elle ne le restera que 5 jours. Rudolf Noureev, lui-même, la sacre danseuse étoile suite à sa performance dans "le Lac des Cygnes". À seulement 19 ans, elle devient la plus jeune étoile de l'histoire de l'Opéra de Paris. Une distinction qui ne lui suffit pas. Estimant qu'elle ne dansait pas assez, Sylvie Guilhem demande à Rudolf Noureev de lui donner le statut de "danseuse étoile invitée". Une proposition qu'il rejettera. Suite à ce refus, l'étoile claque la porte de l'Opéra de Paris et entre au Royal Ballet de Londres en tant qu'étoile invitée permanente. Le scandale de son départ fera écho jusque dans l'Assemblée Nationale. La France n'arriverait-elle pas à garder ses talents ? Son arrivée à Londres fera aussi grand bruit. Son attitude froide et distante lui vaut rapidement le surnom de "Mademoiselle Non", donné par le directeur Anthony Dowell lui-même. Pourtant sous cette dureté de façade se cache surtout une volonté de ne pas laisser cette passion pour la danse prendre le dessus sur l'être humain. Selon elle, beaucoup de danseurs sont habitués à renier leurs avis et à être trop dociles, mélangeant discipline du corps et de l'esprit. Sylvie Guilhem dit "non" à ce qui ne lui convient pas. Son caractère et son style unique ont fait d'elle l'étoile qu'elle est. Pourtant en 2015, année de ses 50 ans, Sylvie Guilhem annonce prendre sa retraite. Loin de quitter la scène sans lumière, la danseuse entame alors une tournée d'adieu "Life in Progress" à travers le monde. Parmi ses performances phare, "Bye" conçu spécialement pour elle par Mats Ek ou encore "le Boléro" réinterprété par Maurice Béjart. "Je préfère arrêter avant qu'il ne soit trop tard", déclarait-elle à Télérama, "avant qu'on ne décide pour moi. Il faut une fin claire et nette." © Getty

Aurélie Dupont Née en 1973

Le 18 mai 2015, une foule d'applaudissement salue pendant 20 minutes le dernier ballet d'Aurélie Dupont à l'Opéra de Paris. À 42 ans, la danseuse étoile dit au revoir à cette scène qui l'a vue se perfectionner depuis ses 10 ans. Amoureuse de musique, la jeune Aurélie Dupont découvre la danse, art déjà pratiqué par ses deux grandes sœurs Marie-Charlotte et Benjamine. C'est une révélation. Suivant les conseils de la danseuse Liane Daydé, elle intègre l'école de danse de l'Opéra National de Paris. Son entrée dans le corps de ballet de l'Opéra se fait naturellement en 1989 après avoir fréquenté toutes les classes. C'est le 31 décembre de la même année qu'Aurélie Dupont est nommée danseuse étoile suite à la représentation du Don Quichotte de Rudolf Noureev. Dès lors, elle lie sa grande technicité à un jeu d'actrice dans tous styles de ballets : des classiques comme le Lac des Cygnes, néoclassiques avec l'Agon de George Balanchine et même contemporains avec des créations tels que l'Anatomie de la sensation de Wayne McGregor. Inspirée par ses pairs, Aurélie Dupont doit beaucoup à Pina Bausch dont elle a dansé "Le Sacre du Printemps". Une expérience révélatrice pour elle : "Pina Bausch m'a demandé pourquoi je me faisais tant de mal", explique la danseuse au micro de l'INA, "et elle m'a dit "Mais lâche toi, tu es quelqu'un de doux, de sensible. C'est ce que je veux voir. Je ne veux pas voir cette autre facette dure car dans mon ballet je n'ai pas besoin de cela." Si vous interprétez une chorégraphie et que ça ne vous touche pas, comment ça peut toucher un public ? " Suite à ses conseils et à une fracture du genou en 1999, Aurélie Dupont évoluera vers un style plus libre, plus sensible. À 42 ans et demi, la limite d'âge, l'étoile quitte la scène du Ballet de l'Opéra de Paris sur "l'Histoire de Manon" par Kenneth MacMillan. Elle reste néanmoins maitre de ballet, poste qu'elle occupe depuis 2014. Pourtant, Aurélie Dupont est vite rappelée. Suite au départ précipité de Benjamin Millepied, elle est nommée directrice du ballet de l'Opéra de Paris le 4 février 2016. Une consécration pour celle qui a grandit sur ces planches et qui a fait de cette transmission du savoir une mission. Cet ultime rôle, elle le tient d'une main de maitre : "Il faut bien comprendre que, pour moi, l'Opéra de Paris est une compagnie de danse classique qui accueille du contemporain et non pas l'inverse. Et ça ne le deviendra pas." Un retour du classique assumé dans sa toute première saison dévoilée au début de l'année 2017 avec ces 4 grands ballets : le classique "Don Quichotte" de Noureev, "Joyaux" de Balanchine, "Onéguine" de John Cranko et "la Fille Mal Gardée" de Frederik Ashton.



Marie-Agnès Gillot

Née en 1975

Avec une mère comptable et un père kinésithérapeute, la jeune Marie-Agnès Gillot née à Caen n'était pas prédestinée à devenir danseuse. Pourtant poussée par ses parents, elle se passionne d'abord pour le chant lyrique. Un talent qu'elle mettra au second plan pour prendre des cours de danse. Une révélation. Marie-Agnès Gillot intègre avec brio l'école de danse de l'Opéra de Paris à 9 ans. Accro au travail, la jeune femme est pourtant désavantagée face à ses camarades : elle souffre d'une double scoliose qui la force à porter un corset qu'elle n'enlève que pour danser. Une épreuve dont elle sortira plus forte et lui donnera le goût de vaincre. À seulement 14 ans, elle fait partie du corps de ballet. Quadrille, coryphée, sujet puis première danseuse... Marie-Agnès Gillot gravit tous les échelons à une vitesse éclair avant d'être sacrée étoile le 18 mars 2004. Première danseuse à l'être à l'issue de la représentation d'une œuvre contemporaine, Suites de Carlson. Marie-Agnès Gillot n'est pas ce qu'on appelle une ballerine "classique", filiforme. Avec ses 1m73 et ses membres allongés, elle impose une signature tout en féminité. Atypique, elle l'est aussi par ses choix. Bien qu'elle continue de danser les ballets classiques de l'Opéra, elle s'émancipe. En 2007, elle crée "Les Rares Différences" pour 3 jeunes danseurs de hip-hop lors du festival de Suresnes. "Ils m'ont appris l'improvisation, je leur ai appris la répétition d'un mouvement jusqu'à la perfection", déclarait-elle au Monde. En 2012, la danseuse se fait comédienne. Sur les planches du théâtre du Rond-Point, elle se produit au côté de Gianluca, trisomique et Bob, sourd-muet, dans le spectacle Après la bataille de Pippo Delbono. Malgré sa technique impeccable et un jeu sensible, Marie-Agnès Gillot est souvent vue comme une danseuse contemporaine au cœur de l'Opéra de Paris. Cette maison qui l'a vue grandir, l'étoile devra bientôt la quitter à 42 ans, âge de la retraite chez les danseurs, après presque 35 ans de carrière.

© Vogue - Getty


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